La Faute

Je n’oublierai jamais. 

Je n’oublierai jamais, au grand jamais.

Jamais, au grand jamais, je n’oublierai. 

Comment le pourrais-je ? 

Le pourrais-je ?

Est-ce envisageable ?

Est-ce concevable ? 

Non, non, au grand jamais, je ne peux l’envisager sans souffrir. 

Je ne peux envisager cet oubli. 

L’oubli, s’il est envisageable, alors je serais néant.

La mort serait la seule solution, sinon comment pourrais-je oublier ? 

La mort m’arrachera mes souvenirs. 

La mort arrache tout. La mort prend tout. La mort anéantit tout. 

Surtout, elle soulage. L’anéantissement de tout soulage. L’oubli soulage. 

Pourtant oublier reviendrait à m’arracher de moi-même. 

Alors, je choisis de ne pas oublier, je choisis de garder en moi mes peines et mes hurlements. 

Je choisis de vivre amputée, arrachée par moi-même pour moi-même. Je suis mon bourreau, ma folie, mon enclos. 

Je deviendrai ce vieux cheval qu’on apercevra au fond d’un jardin privé et parfois au bord de tout, entre mer et plages dépeuplées. 

On pensera croiser un sage, à la crinière argentée. Alors qu’en vérité, on verra le poids d’une vie habitée par le silence.

Sarah Donsar

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